samedi 27 février 2010

L'arc-en-ciel gris

On parle beaucoup, dans le milieu gai montréalais, des bourdes commises par Mailhot et Goldberg dans le cadre des compétitions de patinage artistique aux olympiques d'hiver à Vancouver. Il est aussi question des propos de Dany Turcotte à l'émission Tout le monde en parle du dimanche 21 février 2010.
Je ne reviendrai pas sur chacun des événements parce que ce n'est plus nécessaire. Tout le monde a vu ou entendu les propos tenus par l'un ou l'autre des messieurs cités précédemment. Je me permettrai du moins de mettre en lumière l'écart important qui sépare ceux qui approuvent et ceux qui se sentent offusqués par les paroles de ces personnalités.

Il serait facile de croire que tous ceux qui sont offusqués sont homosexuels et tous les autres sont hétérosexuels. C'est beaucoup plus nuancé qu'on pourrait le croire. Après tout, les gais n'ont pas le monopole du discours d'ouverture et de respect des différences prôné dans nos sociétés de droits. Bon nombre d'homosexuels approuvent les commentaires de nos commentateurs sportifs et croient, à l'instar de Dany Turcotte, que les patineurs artistiques gais ont trop l'air "fifs". Inversement, beaucoup d'hétérosexuels  ont senti un malaise devant des opinions aussi réductrices.

Doit-on comprendre que, dans nos sociétés libres et ouvertes, il y aura toujours une part d'intolérance face à la différence ? Y aura-t-il toujours cette grisaille pour assombrir l'arc-en-ciel ? De toute évidence, l'égalité de droit ne rime pas avec égalité sociale. Le lobby gai aura beau détenir un pouvoir extraordinaire auprès des élus, il n'a manifestement pas réussi à faire passer son message à la population.

On n'a qu'à voir de quelle façon le lobby gai s'est mis le pied dans la bouche lorsqu'une femme a porté plainte à la CDPDJ pour avoir été mise à la porte d'un bar gai il y a deux ans. Plutôt que d'expliquer les raisons qui portaient ce bar à exclure les femmes, le lobby a décidé de se mettre à genoux et de demander pardon, madame. On est passé à deux doigts de faire évoluer un peu plus les mentalités. On a préféré s'écraser.

En fait, le milieu gai compte autant d'alliés que d'ennemis. On n'a qu'à se souvenir des Jeux gais. Il aura fallu un déficit pour que soudain tout ce cirque devienne une inutilité sans nom, selon les dires de certains journalistes peu scrupuleux. Pourtant, il existe des jeux de génie, des jeux de policiers, des jeux d'athlètes handicapés, etc. Des Jeux gais ? Hum, pas vraiment, non.

Il existe des centres de conditionnement physique pour femmes, des cours d'anglais pour 50 ans et plus, des cours de judoka pour ados seulement. Un bar pour hommes gais seulement ? Faudrait pas charrier ! En général, on reconnaît aux gais le droit d'exister et de se retrouver entre eux. Mais on a fichtrement de la misère à reconnaître qu'ils puissent avoir envie de se retrouver "uniquement" entre eux dans certaines circonstances. C'est de la discrimination. Soyez certains qu'on vous le rappellera jusqu'à la fin de vos jours. Vous, les gais, n'existez pas sans nous, les hétérosexuels, qui vous donnons le droit d'être.

Puisque le lobby gai est inconfortable avec l'idée de faire avancer la cause homosexuelle auprès de la population, il en revient à tous les gais ouverts et affirmés de faire connaître leur existence et leur place dans l'avancement de la société dans son ensemble. C'est individuellement et collectivement que nous ferons prendre conscience de l'apport de la diversité sexuelle dans la population et de la richesse qu'elle apporte à l'ensemble des Québécois.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire